Emile BUISSON : un homme généreux, fidèle au devoir de mémoire

Emile BUISSON... doit-on annoncer son âge tant il est jeune d’esprit ! Du haut de ses 90 printemps, il se dévoue sans compter aux actions du Souvenir Français. Il est un pur franc-comtois « des pieds à la tête » puisqu’il est né le 28 février 1927 à Montbéliard.

En 1944, à 17 ans, il prend le maquis puis s’engage dans l’Armée de Terre. Il effectue une carrière de 15 ans 4 mois et 16 jours principalement dans deux régiments : le 4ème Tirailleurs Tunisiens et le 22ème Régiment d’Infanterie Coloniale. Ses campagnes l’emmènent en Indochine, au Vietnam, au Tonkin, en Algérie…

De retour à la vie civile, il travaille comme chef de chantier dans une importante entreprise de travaux publics du Doubs. Il habite Méziré depuis plus de 50 ans.

Depuis plus de 25 ans, Emile Buisson participe activement (organisation, dépôts de gerbes, lecture de messages…) aux cérémonies patriotiques qui se déroulent à Morvillars et Méziré principalement mais aussi un peu partout dans le Territoire de Belfort ou le Doubs.

Il assure un bénévolat dynamique dans de nombreuses associations patriotiques. Il est

  • président de la section des Anciens Combattants de Méziré-Morvillars et environs 
  • président de la section des Médaillés Militaires de Beaucourt-Delle et Grandvillars 
  • président de l’Union Départementale des Médaillés Militaires 
  • vice-président du Souvenir Français pour le secteur Bourogne-Morvillars- Grandvillars et environs 
  • membre de la section des décorés de la Légion d’Honneur du Sud Territoire dont il était le président jusqu’en fin 2016.

Emile Buisson a obtenu également une bonne dizaine de diplômes d’honneur et lettres de félicitations pour divers sauvetages de personnes en danger de mort.

Il est enfin garde particulier des sociétés de pêche de Morvillars et des environs même s’il avoue ne plus avoir beaucoup de temps pour pêcher.

De nombreuses médailles ont récompensé les mérites et l’action d’Emile Buisson. Parmi elles, les plus prestigieuses à ses yeux : la Médaille Militaire obtenue il y 55 ans déjà et la Médaille de Chevalier de la Légion d’Honneur agrafée au col de sa veste en mai 1990 au titre du Ministère de la Défense.

Son action afin d’être fidèle au devoir de mémoire et de parfaire le souvenir des Morts pour la France se conjugue au quotidien de façon très concrète.

  • Chaque année, il fleurit les 180 tombes du cimetière militaire de Morvillars principalement le 11 novembre mais aussi le 8 mai.
  • Chaque année, il assure la quête du Souvenir Français, pour la Toussaint, à l’entrée du cimetière de Morvillars-Méziré. Quatre jours en 2016 durant lesquels il offrait des chocolats à tous les enfants qui accompagnaient leurs parents ! 
  • Chaque année, il nettoie et brosse la stèle commémorative de la Libération de Morvillars et Méziré 
  • Il a repeint plusieurs fois, debout sur une échelle, les lettres des noms des Morts pour la France gravés sur le Monument aux Morts.

Enfin, à son âge, Emile Buisson peut être philosophe (mais toujours plein d’humour).

Il aimerait que les jeunes générations profitent pleinement d’une Paix certes fragile mais réelle depuis plus de 70 ans dans notre pays et qu’elles n’oublient pas ceux qui ont donné leur sang pour notre Liberté et à qui l’ont doit beaucoup.

 

Mille mercis à vous Monsieur Buisson

Écurcey - Commémoration 75 ans après, Émile Buisson raconte le jour de la libération du village (Est Républicain du 18/11/2019)

André Dufresnes, le maire d’Écurcey, le président de PMA, Charles Demouge, de nombreuses associations patriotiques et les enfants des écoles sous la conduite de leur instituteur ont commémoré en ce dimanche pluvieux l’armistice de 1918 ainsi que la libération du village en septembre 1944. Jean Bilquez, président du Souvenir français du plateau du Lomont et de la vallée du Gland, organisait la cérémonie. On notait la présence sur place d’Émile Buisson, de Méziré (Territoire de Belfort), 93 ans, qui participa aux échauffourées à l’automne 44.

« C’était le 26 septembre et il pleuvait tout le temps. Nous faisions partie du 4e Tirailleur tunisien, 9e compagnie. On était quatre, un sergent, moi et deux infirmières. Avec le sergent, je suis arrivé dans une pâture en dessous de la ferme des Essaliers où était installée l’armée allemande. J’étais chargé de surveiller la descente sur Pont-de-Roide », raconte M. Buisson, « j’ai creusé un abri avec ma baïonnette pour me protéger de la pluie et du froid et surtout ne pas être vu par les Allemands qui étaient à une centaine de mètres. Ces derniers envoyaient des fusées éclairantes. Je communiquais avec mes camarades situés un peu plus bas grâce à une corde. Un coup, tout va bien. Deux coups, ça bouge. Trois coups, il y a beaucoup de mouvements. Quatre coups, il faut monter me remplacer. Le lendemain, c’était l’attaque. »

La suite a été racontée par le maire d’Écurcey. Lors des affrontements, Émile Buisson fut touché à une jambe et évacué sur Consolation ou était installé un hôpital de campagne. Sur sa redingote figurait l’étiquette : « à amputer ». Fort heureusement, un médecin réussit à sauver le membre du malheureux soldat.

Si ce témoignage fut le point fort de la cérémonie, le discours du président du Souvenir français ne manqua pas d’intérêt. Jean Bilquez a rappelé tous les efforts fournis par son association pour donner un nom à tous ceux qui sont morts pour la France, et plus particulièrement aux victimes de la guerre de 1870.

A 93 ans, il achète des fleurs et fleurit, seul, les tombes des soldats (Est R2publicain 18/05/2020)

Il s’est mis à quatre pattes dans le cimetière pour poser ses bégonias et ses petits drapeaux au millimètre, près des tombes des soldats. À 93 ans, Émile Buisson a organisé sa propre commémoration du 8 Mai. « Covid ou pas, il fallait bien honorer nos petits gars, morts pour notre liberté. »

 

Un geste patriote : plus de 160 tombes fleuries par Émile Buisson, 93 ans, de sa propre initiative et sans chercher les honneurs. Chaque croix est ornée d'un petit drapeau. Émile Buisson fleurit deux fois par an les tombes des soldats à la nécropole de Morvillars.

 

Il est allé avec sa cagnotte personnelle acheter 160 bégonias roses et a passé la journée entière à planter, au millimètre, ses fleurs et ses alignements de petits drapeaux.

Quand le maire est arrivé avec deux adjoints, ce 8 Mai, au cimetière de Morvillars, pour déposer la traditionnelle gerbe, Émile Buisson était encore à quatre pattes : il posait des petits crochets, un à un, pour que le vent ne couche pas les fleurs. Seul, à 93 ans, et incognito. Vêtu d’une chemise à carreaux et d’un chapeau de paille.

« Je ne pouvais pas les laisser seuls »

Pourtant, c’est bien son cœur d’ancien combattant, membre du Souvenir français , qui était à l’œuvre. Émile Buisson a fleuri ainsi des centaines de tombes de soldats de la nécropole internationale de Morvillars. Dans l’isolement total. « Je ne pouvais pas les laisser seuls, les p’tits gars qui se sont battus pour nous, c’est normal non ? » dit-il, avec simplicité. Il pensait que personne ne viendrait pour eux au cimetière en raison du confinement. « Quand j’ai vu les élus arriver, ça m’a suffoqué » La surprise, totale.

Blessé par un éclat d’obus

« Covid-19 ou pas, il fallait honorer la mémoire de ceux qui sont morts pour notre liberté. » Émile Buisson sait de quoi il parle. Il a été combattant au Vietnam « et tout partout ». Depuis la libération d’Ecurcey, un éclat d’obus tient l’os d’une de ses jambes. « Quand on est venu me chercher, je portais une pancarte “À amputer”. » Il a échappé à la fatale opération, mais chaque jour, depuis 76 ans, la plaie coule. « Tous les jours, une infirmière vient changer mon pansement. » « C’est normal et tout naturel » Alors non, vraiment, il n’était pas envisageable pour lui qu’aucune trompette ne sonne ce 8-Mai et que rien ne soit fait.

« C’est normal et tout naturel, je ferais pareil si ça se reproduisait »

Émile Buisson plante des fleurs depuis trente et un ans, deux fois par an , au cimetière de Morvillars. Cette année 2020, il avait un autre petit secret : il a retrouvé un grand drapeau de 1945. Il l’a laissé accroché durant trois jours à l’entrée du cimetière. Tant qu’Émile Buisson est là, la mémoire est bien gardée.

Christine Rondot (Est Républicain)

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