Seul Ernest a cependant été reconnu « Mort pour la France ». Son nom vient tout juste d’être gravé sur le monument aux morts, près d’un siècle après son décès.
Ernest Viotti est né le 1er août 1884 à Morvillars, fils de Charles et Marie Viotti. Peintre-décorateur, il se marie le 24 avril 1904 à Morvillars, avec Marthe Birgy. De cette union sont nés quatre enfants : Roger, Maurice, Suzanne et Charles.
Ernest est incorporé au 35e régiment d’infanterie le 8 octobre 1906 pour effectuer son service militaire légal jusqu’au 1er mars 1908.
Il est rappelé le 1er août 1914, à la 7e section d’infirmiers à Dôle (39). Il passe au 42e régiment d’infanterie puis au 163e régiment d’infanterie le 4 juillet 1917. Il participe aux campagnes contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 6 mars 1919.
Intoxiqué par les gaz le 28 mai 1918, il est mis en congé de démobilisation le 7 mars 1919.
Il décède le 9 février 1921 à Morvillars. Son acte de décès porte la mention « Mort pour la France » (avis du ministre des Pensions en date du 16 juin 1939).
Son frère aîné, Joseph Viotti, est né le 28 septembre 1880 à Belfort. Il est dirigé sur le 160e régiment d’infanterie le 15 novembre 1902 et passe dans la disponibilité de l’armée active le 18 septembre 1904.
Joseph est rappelé le 1er août 1914 et participe aux campagnes contre l’Allemagne du 2 août 1914 au 19 février 1915.
Il est réformé en février 1915 pour « bacillose » pulmonaire.
Il décède le 14 avril 1916 à Morvillars.
Le troisième frère, Albert Viotti, est né le 6 janvier 1893 à Morvillars. Il s’engage dans l’armée pour trois ans le 15 mai 1913 au titre du 98e régiment d’infanterie. Il obtient le grade d’adjudant le 22 mars 1916.
Il participe, avec le 98e régiment d’infanterie à l’offensive d’août 1917 à Verdun où il est grièvement blessé.
Il est cité à l’ordre du corps d’armée en septembre 1917 : « Au cours de l’attaque du 20 août 1917, a assuré comme adjudant de bataillon le service de liaison avec un sang-froid et une activité de tous les instants, sans souci du bombardement ennemi. Grièvement blessé le 22 août 1917 après avoir rendu de précieux services ».
Il est décoré de la Croix de Guerre – étoile de vermeil puis de la médaille militaire.
Démobilisé le 25 août 1919, il est réformé définitivement en 1924 pour « cicatrice de plaie par éclat d’obus et tremblement généralisé. Il est déclaré invalide de guerre par paralysie ».
Il décède le 7 mars 1943 à Morvillars.
Fin 2016, Alain Hillmeyer, un habitant de Morvillars, a attiré l’attention de Patrice Boufflers, historien amateur, sur l’absence des trois frères Viotti (Joseph, Ernest et Albert) dans la liste des soldats de Morvillars morts durant la Première guerre mondiale.
Patrice Boufflers a effectué des recherches sur le site du ministère de la Défense, aux archives départementales du Territoire de Belfort ainsi que dans les registres d’état civil de la commune de Morvillars.
Il a pris contact avec sa petite-fille Jacqueline domiciliée dans le Puy-de-Dôme.
Ensuite, il a transmis le dossier à la municipalité de Morvillars et à la section locale du Souvenir Français.
Si l’on peut penser que les trois frères ont été victimes de la guerre 14-18, seul Ernest a été déclaré « Mort pour la France ».
Joseph, Ernest et Albert sont inhumés dans la tombe familiale, juste de l’autre côté du mur qui sépare le cimetière communal de la nécropole nationale.
Le souvenir des trois frères Viotti a été ravivé le dimanche 12 novembre lors de l’inauguration des travaux d’entretien et de rénovation de la nécropole nationale de Morvillars, en présence de nombreuses personnalités et de plusieurs de leurs descendants. Un oubli aujourd’hui réparé.