Le vieux château

Le château Armand Vieillard
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Le Vieux château, le château communal, le château Armand Viellard, le château Louis Viellard, le château de Morvillars : en fait cinq dénominations pour un seul édifice qui, à l’origine, était la demeure de l’industriel et homme politique Armand Viellard. 

 

Sa construction

 

Cette demeure a été construite vers 1872-1878 pour Armand Viellard troisième fils de Juvénal Viellard (1803-1886) et de Laure Migeon (1813-1900) par l’architecte belfortain Fleury de la Hussinière. Elle a été augmentée d’un étage en 1899-1890. La propriété d’Armand Viellard mérite son nom de vieux château car les autres châteaux de la famille Viellard sont plus récents. Ainsi le château André Viellard date du début du 20ième siècle, le château Jean Maitre de 1897, le château Léon Viellard de 1886 et le château des Tourelles a été construit en 1904.

 

La demeure est édifiée en moellon enduit et en pierre de taille. Elle comprend un rez-de-chaussée surélevé, deux étages carrés (Etage carré : étage qui a sur toute sa surface, la même hauteur d'étage)  et un étage en combles sous un toit d’ardoises. Les parties supérieures sont accessibles par un monumental escalier de bois. L’extension située au nord (côté salle d’exposition) est en pans de bois et briques rouges.

Le bâtiment abritant les écuries et des logements a été construit vers 1880, en face du château (à gauche en regardant l’école primaire).

Armand et Louis Viellard

Armand Viellard  est né le 24 septembre 1842  à Méziré (alors dans le Haut-Rhin). Fils de Juvénal Viellard, il devient maitre de forges à Morvillars et s’occupe en particulier de la gestion des propriétés. Homme politique, il est élu maire de Morvillars de 1871 à son décès en 1905 mais aussi député du Territoire de Belfort de 1885 à 1889 puis de 1893 à 1902. Il est  décédé le 19 juillet 1905 à Paris. Il est inhumé dans la crypte de l’église Saint-Martin de Morvillars.

Après la mort d’Armand Viellard, le château a été habité par son fils Louis.

Louis Viellard  est né le 7 juillet 1879 à Morvillars (Territoire de Belfort), il est décédé le 3 avril 1956 à Neuilly-sur-Seine (Hauts de Seine). Louis Viellard fait des études dans une école supérieure de commerce et entre dans l'industrie métallurgique où il devient maître de forge. Il est élu, en août 1905, maire de Morvillars succédant à son père. Il sera maire du village durant 40 ans de 1905 à 1945. Elu député du Territoire-de-Belfort en 1914, il siège jusqu'en 1919 chez les non-inscrits. Le 28 novembre 1926, il est élu conseiller général du canton de Delle. Il deviendra plus tard vice-président du Conseil général du Territoire de Belfort. Louis Viellard est élu sénateur le  9 janvier 1927 puis réélu le 20 octobre 1935.

 

Le château durant les deux guerres

Le château sert d’hôpital d’origine des étapes (HOE) pendant la guerre de 1914-1918 appelé aussi ambulance de Morvillars. Il abrite une soixantaine de lits et est fortement équipé pour l’urgence chirurgicale. Il dépend de l’hôpital militaire de Belfort. Vers la fin de la guerre, l’ensemble constitué du château de Morvillars, du séminaire de Bourogne et du dépôt d’éclopés de la tuilerie (c’était le terme employé) de Froidefontaine est rebaptisé HOE 54 B. Le cimetière militaire de Morvillars compte 170 tombes de soldats tués sur le front alsacien et décédés à  l’hôpital militaire du château Armand Viellard.

Du 24 août au 7 septembre 1944, le maréchal Philippe Pétain séjourne au château Louis Viellard. Ce dernier est au maquis sous le nom de capitaine Félix. Lorsque Pétain arrive à Morvillars, Louise Viellard (1885-1956) épouse de Louis Viellard lui révèle son appartenance à la Résistance. Ainsi, des soldats anglais ont été hébergés au château avant de passer en Suisse avec l’aide de Louise Viellard et à la complicité des sœurs de l’orphelinat de Delle. Philippe Pétain quitte Morvillars le 7 septembre 1944, à 5h du matin, déporté par les Allemands au château de Sigmaringen en Allemagne.

 

Propriété de la commune

Le château Louis Viellard entouré de son parc est acheté, début des années 1960, par la commune de Morvillars dirigée alors par le maire Henri Monnier. Dès 1964, le château abrite une première classe du collège qui accueillera ensuite des élèves de la 6ème à la 3ème.  Les pièces sont transformées en salles de classe et la grande salle du rez-de-chaussée sert de cantine avec une cuisine installée dans la partie droite du château. Les installations de la cantine sont encore utilisées quelques années après la construction  des bâtiments d’enseignement du nouveau collège.

La première classe maternelle fonctionne également au château jusqu’en 1977 dans les pièces situées à gauche de l’entrée. Un centre aéré géré par les Francas est organisé durant les vacances scolaires. Plusieurs logements occupent les étages supérieurs.

Les cinq hectares du parc ont permis l’édification du collège, de l’école primaire, du gymnase et de la salle d’exposition, du terrain de football, du plateau d’éducation physique, des deux courts de tennis extérieurs, du bâtiment abritant le club de tennis et le dojo du club de judo, les ateliers municipaux.

Aujourd’hui, le château abrite plusieurs associations : la société de pêche, les randonneurs de l’amitié, le club de billard, l’espace création sculpture, le club Damassine-power (motos de type custom), le club des signaleurs radio de Franche-Comté mais aussi la garderie périscolaire.

 

Quel avenir pour le château ?  

Il est évident qu’aujourd’hui le château a besoin d’une rénovation conséquente. A l’extérieur, des travaux sont nécessaires pour le toit, les fenêtres,  les volets,  le perron… A l’intérieur également, de nombreux travaux devront être entrepris pour garder un certain cachet à ce patrimoine communal. Que faire du château ? Il n’est pas envisageable de le vendre à un privé ! L’idée d’installer les services de la mairie (à l‘étroit dans les locaux actuels)  au rez-de-chaussée du château a germé dans l’esprit du nouveau conseil municipal. La présence d’un service public dans le château permettrait d’obtenir des subventions plus importantes pour une réhabilitation qui devrait coûter cher. Le nouvel avenir du château sera l’objet d’une étude,  d’une concertation et d’un débat avec les habitants de la commune.  

 

Quel faire du château ?

 

Il n’est pas envisageable de le vendre à un privé ! L’idée d’installer les services de la mairie au rez-de-chaussée du château a germé dans l’esprit du nouveau conseil municipal. Le service territorial de l’architecture et du patrimoine de Belfort – Montbéliard a visité le château et le parc. Ses premières conclusions ont été données dans une lettre adressée à Mme le maire en date du 19 avril 2012.

·         Malgré un abandon partiel et la vétusté des façades et des intérieurs, l'immeuble ne présente que des désordres mineurs.

·         Des investissements relativement lourds sont nécessaires pour le maintien d'une vocation publique au bâtiment. Un changement de destination partiel paraît envisageable.

·         Le bâtiment constitue un patrimoine exceptionnel bien que présentant de nombreuses altérations suite aux aménagements successifs.

·         Le parc entourant le château constitue un atout bien que plusieurs constructions publiques altèrent sa qualité initiale.

·         La vocation publique ou semi-publique du parc et du bâtiment semble une donnée essentielle à tout projet sur le château et son environnement proche.

·         Le bâtiment et son parc offrent un potentiel créatif important.

La présence d’un service public dans le château permettrait d’obtenir des subventions plus importantes pour une réhabilitation. Le nouvel avenir du château sera l’objet d’une étude,  d’une concertation et d’un débat avec les habitants de la commune.    

 

 

Sources de documentation

-          Juvénal Viellard : sa famille et sa descendance par Jacques et Nelly Parisot

-          Ministère de la culture : Mérimée

-          Patrimoine de France

-          Patrimoine des communes du Territoire de Belfort Editions Flohic

-          La Grande Guerre dans le Territoire de Belfort – Laurent Tatu et Jean-Christophe Tamborini

 

Hôpital militaire

Sous la direction du médecin chef Georges Lorentz, les travaux de construction d’un hôpital d’évacuation commencent à Morvillars en avril 1917. L’hôpital se développe progressivement au nord de la route reliant Morvillars à Froidefontaine, entre le passage à niveau et la tuilerie du village de Froidefontaine. Il est constitué de baraquements en bois et son quai d’embarquement est raccordé à la voie ferrée à partir du passage à niveau. Il fonctionne avec d’autres structures sanitaires, comme « le dépôt d’éclopés », dans le petit séminaire de Bourogne, ou l’hôpital chirurgical aménagé dans la tuilerie de Froidefontaine. Les 2000 lits de l’hôpital d’évacuation, appelé officiellement 54 B, accueillent les premiers blessés en septembre 1917. Les afflux de blessés sont évidemment rythmés par les offensives du front de haute Alsace à quelques kilomètres.

Les bombardements aériens n’épargnent pas l’hôpital d’évacuation et nécessitent l’installation d’une batterie de mitrailleuses à proximité.

L’année 1918 est marquée par des changements de commandement. En février, le médecin-major Malespina, jusqu’alors médecin chef de l’hôpital d’évacuation de Petit-Croix prend la direction de l’hôpital de Morvillars. Il est lui-même remplacé en avril par le médecin principal Dodieau. Durant le printemps  et le début de l’été 1918, une grave épidémie de grippe, prémices de la pandémie de grippe espagnole, se développe dans les formations sanitaires de Morvillars, touchant soldats et médecins. L’hôpital est finalement transféré à Héricourt le 31 juillet 1918.

Le village de Morvillars possédait déjà, depuis le début de la guerre, un hôpital auxiliaire de la société de secours aux blessés dans le château Louis Viellard. Cette ambulance du vieux château, un moment rattaché à l’hôpital d’évacuation, devient finalement hôpital auxiliaire 31. L’hôpital d’évacuation de Morvillars accueille de nombreuses personnalités. En février 1918, le général en chef Pétain, accompagné du général de Boissoudy, commandant la VIIème armée, visite les installations sanitaires. En 1944, dans d’autres circonstances, le maréchal Pétain, devenu chef de l’Etat français, repasse par Morvillars.  

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